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Personnel:
John Dennis (p), Thad Jones (tp), Charles Mingus (b), Max Roach (d)
Reference: FSRCD1106
Bar code: 8427328611060
Debut Records came into being in April 1952, and soon was boasting many new artists in its rapidly growing catalog. In March 1955, the label's producers, Charles Mingus and Max Roach, were the first to recognize the talents of a 25-year-old pianist from Philadelphia with an adventurous and creative mind, and a magician's touch: John Dennis. He put these qualities to good use in the recording session for the album Thad Jones / Charles Mingus —Jazz Collaborations. As a result, Mingus and Roach decided to record the same day another album with him as a leader, with a title hinting at the producers' belief in him: New Piano Expressions. This event marked the arrival of John Dennis: his daring and advanced ideas left the entire jazz scene in awe and intrigue.
In an interview with vibraphonist Walt Dickerson about Dennis, he mentioned, “His parents were fundamentalists who put a lot of pressure on him not to play the devil's music… it has a physical effect when an artist cannot continue to search and develop his artistry, something happens to that person both physically and mentally… I learned that many people die from a broken heart, nothing wrong with them physically, they're broken-hearted and just give up… and that's what happened to John…”
After listening to these recordings, we can only imagine how far he could have come if his career hadn't been interrupted so suddenly. John Dennis died in 1963, eight years after his only recordings, at the young age of 33.
"La redécouverte de John Dennis, grâce au chercheur d’or, Jordi Pujol, nous confirme dans l’idée que le jazz a été une corne d’abondance de génies musicaux. Beaucoup se sont réalisés pleinement, avec de longues carrières de qualité, dans ce XXe siècle beaucoup plus beau et fertile qu’on ne le dit, en matière artistique surtout, avec le jazz et le cinéma essentiellement. D’autres ont été littéralement brûlés, le jazz en offre beaucoup d’exemples. Depuis Garnet Clark, il existe une vraie mythologie des artistes disparus plus ou moins précocement, et cette liste est longue jusqu’à nos jours. Certains, comme Clifford Brown, ont connu un début de gloire, et d’autres sont restés méconnus, et ce n’est pas qu’une question de talent, mais souvent de circonstances. John Dennis en est la traduction, et quand il disparaît en 1963, il n’a que 33 ans. On ne sait pas grand chose de lui, si ce n’est qu’il est né à Philadelphie dans une famille religieuse, «à l’excès» dit le livret, et qu’il a appris le piano à 3-4 ans, et tenu l’orgue de l’église dès son plus jeune âge. Dans une ville où les pianistes de génie semblent pousser comme des champignons, il acquiert le surnom de «Fat Genius», ce qui en dit long sur le regard des autres. Il existe heureusement ces disques, trop peu nombreux, pour se souvenir de son existence et mesurer l’étendue de son talent. C’est le label Debut que cofonda Charles Mingus avec Bill Brandt, Bill Brandt Jr., Larry Suttlehan et Joe Mauro, qui eut l’heureuse idée d’enregistrer ce pianiste d’exception, initiative doublement salutaire parce que ses accompagnateurs dans ce disque ne sont autres que Charles Mingus, Max Roach et Thad Jones. A ce propos, comme à l’accoutumée, le généreux Jordi Pujol propose dans cette réédition non seulement le disque paru chez Debut (New Piano Expressions, Debut 121), qui sera son seul disque en leader, mais également le Jazz Collaborations, vol. I, codirigé par Charles Mingus et Thad Jones (Debut 17) enregistré lors de la même séance le 10 mars 1955. Fresh Sound réunit avec logique ce qui a été enregistré le même jour par les mêmes musiciens dans le même studio, probablement celui du jeune Rudy Van Gelder, si on en juge par la localisation. Les images de ces originaux figurent dans le livret toujours aussi bien documenté par Jordi Pujol.
Sur le plan stylistique, le piano de John Dennis est comme celui de Bud Powell, son aîné de six ans, un héritier de plusieurs traditions et de plusieurs influences. Si Bud est clairement l’héritier d’Art Tatum, John Dennis s’inspire plutôt d’un ensemble d’aînés ou contemporains, même si Art Tatum ne l’a pas laissé indifférent: d’abord Bud Powell lui-même dont il possède la manière de remplir l’espace comme un Bach en jazz («Cherokee»), mais aussi Erroll Garner, dont il reprend parfois l’expression rhapsodique («Someone to Watch Over Me»), Don Shirley dont il partage la culture classique qui s’entend dans son toucher («Variegations») et il possède une facilité qui fait de lui l’égal d’Art Tatum, Oscar Peterson sur le plan instrumental et harmonique («Chartreuse»), même si son jeu en accords, ses déboulés bebop ou son jeu de pédales sur les parties rhapsodiées sont tout à fait personnels.
Dans son disque (les huit premiers thèmes de cette réédition), il est aussi l’auteur de six compositions, ce qui dénote qu’il entend marquer son temps. «Variagations», qui lui a valu une notoriété ponctuelle à sa sortie, une synthèse entre «variations» et «divagations», est un parcours dans la culture classique qui l’a inspiré (Debussy et sa descendance au tournant du XXe siècle) non dépourvu dans sa dernière partie des accents du jazz. C’est une sorte d’exposé de ce qui a fait ce pianiste d’exception, un manifeste, et ces trois thèmes en solitaire confirment cette volonté («Odyssey», «Chartreuse») et évoquent une autre inspiration, Don Shirley… Charles Mingus et Max Roach dans la partie en trio ou en quartet avec Thad Jones viennent compléter le caractère indispensable de cette rareté. Le contrebassiste est virtuose comme rarement car le pianiste y incline, et le batteur est simplement un génie de la percussion avec des baguettes. On apprécie pleinement la sonorité et le phrasé de Thad Jones dans ce contexte assez dépouillé pour laisser la place au coleader du second disque. Dans le rôle de l’accompagnateur, où ses accords et ses harmonies font merveille, John Dennis n’en est pas moins intéressant et original. Merci à Fresh Sound de nous permettre d’accéder à de telles raretés."
Yves Sportis (December, 2022)
© Jazz Hot 2022
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CHOC Jazz Magazine
"Comme son nom l’indiquait, Debut Records avait vocation à faire découvrir de nouveaux talents - Paul Bley, Hank Mobley ou Thad Jones y firent leurs débuts. Parut ensuite sous le nom de Mingus et Jones “Jazz Collaborations”, gravé le 10 mars 1955. Le trompettiste annonce la couleur - maîtrise et puissance expressive - dès les 25 (!) chorus qu’il s’offre sur One More en ouverture. La machine est chauffée à blanc par le tandem Charles Mingus/Max Roach et un pianiste inconnu de 25 ans, John Dennis. Il fait si forte impression que huit plages, gravées le même jour en solo et trio, seront éditées peu après par Debut (“New Piano Expressions”). S’y affirme un compositeur (5 originaux) et un improvisateur capable d’une étonnante diversité d’atmosphères, entre Machajo, démarcation d’/Got Rhythm d’une liberté et d’une audace contrapuntique inimaginables, et des ballades ou des blues au lyrisme intense (sur Chartreuse on pense à Billy Strayhorn) ou Odyssey. Audace encore avec Variegations, improvisation de 6’30 où la maîtrise des changements d’atmosphère n’a d’égal que le contrôle de la forme d’ensemble. Un potentiel hors du commun qu’on comparera à Martial Solai pour la synthèse qu’il offre alors entre Bud Powell et Art Tatum, avec un penchant pour les extensions harmoniques, la gamme par tons et la prise de risques (effarant Cherokee!). Les deux albums de cette réédition soignée - impeccable techniquement et richement documentée - resteront les seuls témoignages du pianiste dont la disparition prématurée (en 1963, à 33 ans) nous condamne à simplement imaginer la carrière à venir."
—Vincent Cotro (Fevrier, 2022)
Jazz Magazine
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"Before he became known as the most famous/notorious bassist/composer in jazz, Charles Mingus was a member of the fledgling Debut catalogue, which specialized in the “New Thing” of adventurous Bop. One of Mingus' discoveries was Bud Powell-influenced piano man John Dennis, who's 1955 debut is included and featured here.
Teamed with Dennis and Mingus is the forward looking drummer Max Roach, and the March session has vintage bop pieces like “Ensenada”, a nice Latin lover in “Mahajo” and a tribally swinging “Cherokee”, with Mingus’ fingers doing wonders. . He goes solo on a few tracks, like the bluesy “Odyssey” and a romantic “Chartreuse” while showing elliptical harmonies on “Variegations”. Mingus' fingers do wonders with Roach on the tribal “Sr. Thad Jones,” another Mingus discovery, joins in to create a quartet for a handful of tunes. He's muted on a misty “I Can't Get Started” and “Get Out of Town”, with Mingus throbbing like a jogger's pulse her and as they bop into the night on “More of The Same”. Bop's next step."
—George W. Harris (January 17, 2022)
https://www.jazzweekly.com